Homélie du 30 Mars 2020: Évangile et Parole Du Jour

Homélie du 30 Mars 2020: Évangile et Parole Du Jour

LECTURE DU JOUR


Lecture du livre du prophète Daniel
(Dn 13, 41c-62 (lecture brève))

En ces jours-là,
le peuple venait de condamner à mort Suzanne.
Alors elle cria d’une voix forte :
« Dieu éternel,
toi qui pénètres les secrets,
toi qui connais toutes choses avant qu’elles n’arrivent,
tu sais qu’ils ont porté contre moi un faux témoignage.
Voici que je vais mourir, sans avoir rien fait
de tout ce que leur méchanceté a imaginé contre moi. »

Le Seigneur entendit sa voix.
Comme on la conduisait à la mort,
Dieu éveilla l’esprit de sainteté
chez un tout jeune garçon nommé Daniel,
qui se mit à crier d’une voix forte :
« Je suis innocent
de la mort de cette femme ! »
Tout le peuple se tourna vers lui et on lui demanda :
« Que signifie cette parole que tu as prononcée ? »
Alors, debout au milieu du peuple, il leur dit :
« Fils d’Israël, vous êtes donc fous ?
Sans interrogatoire, sans recherche de la vérité,
vous avez condamné une fille d’Israël.
Revenez au tribunal,
car ces gens-là ont porté contre elle un faux témoignage. »

Tout le peuple revint donc en hâte,
et le collège des anciens dit à Daniel :
« Viens siéger au milieu de nous
et donne-nous des explications,
car Dieu a déjà fait de toi un ancien. »
Et Daniel leur dit :
« Séparez-les bien l’un de l’autre,
je vais les interroger. »
Quand on les eut séparés,
Daniel appela le premier et lui dit :
« Toi qui as vieilli dans le mal,
tu portes maintenant le poids des péchés
que tu as commis autrefois
en jugeant injustement :
tu condamnais les innocents
et tu acquittais les coupables,
alors que le Seigneur a dit :
“Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste.”
Eh bien ! si réellement tu as vu cette femme,
dis-nous sous quel arbre
tu les as vus se donner l’un à l’autre ? »
Il répondit :
« Sous un sycomore. »
Daniel dit :
« Voilà justement un mensonge qui te condamne :
l’ange de Dieu a reçu un ordre de Dieu,
et il va te mettre à mort. »
Daniel le renvoya, fit amener l’autre
et lui dit :
« Tu es de la race de Canaan et non de Juda !
La beauté t’a dévoyé
et le désir a perverti ton cœur.
C’est ainsi que vous traitiez les filles d’Israël,
et, par crainte, elles se donnaient à vous.
Mais une fille de Juda
n’a pu consentir à votre crime.
Dis-moi donc sous quel arbre
tu les as vus se donner l’un à l’autre ? »
Il répondit :
« Sous un châtaignier. »
Daniel lui dit :
« Toi aussi, voilà justement un mensonge qui te condamne :
l’ange de Dieu attend, l’épée à la main,
pour te châtier,
et vous faire exterminer. »

Alors toute l’assemblée poussa une grande clameur
et bénit Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.
Puis elle se retourna contre les deux anciens
que Daniel avait convaincus de faux témoignage
par leur propre bouche.
Conformément à la loi de Moïse,
on leur fit subir la peine
que leur méchanceté avait imaginée contre leur prochain :
on les mit à mort.
Et ce jour-là, une vie innocente fut épargnée.


ÉVANGILE DU JOUR


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
(Jn 8, 12-20)

En ce temps-là,
Jésus disait aux pharisiens :
« Moi, je suis la lumière du monde.
Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres,
il aura la lumière de la vie. »
Les pharisiens lui dirent alors :
« Tu te rends témoignage à toi-même,
ce n’est donc pas un vrai témoignage. »
Jésus leur répondit :
« Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même,
et pourtant mon témoignage est vrai,
car je sais d’où je suis venu,
et où je vais ;
mais vous, vous ne savez ni d’où je viens,
ni où je vais.
Vous, vous jugez de façon purement humaine.
Moi, je ne juge personne.
Et, s’il m’arrive de juger,
mon jugement est vrai
parce que je ne suis pas seul :
j’ai avec moi le Père, qui m’a envoyé.
Or, il est écrit dans votre Loi
que, s’il y a deux témoins,
c’est un vrai témoignage.
Moi, je suis à moi-même mon propre témoin,
et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi. »
Les pharisiens lui disaient :
« Où est-il, ton père ? »
Jésus répondit :
« Vous ne connaissez ni moi ni mon Père ;
si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. »

Il prononça ces paroles
alors qu’il enseignait dans le Temple,
à la salle du Trésor.
Et personne ne l’arrêta,
parce que son heure n’était pas encore venue.


LES MOTS DU PAPE


Chers frères et sœurs, bonjour!

En ce cinquième dimanche de carême, la liturgie nous présente l’épisode de la femme adultère (cf. Jn 8, 1-11). Dans celle-ci s’opposent deux attitudes: celle des scribes et des pharisiens d’une part, et celle de Jésus de l’autre. Les premiers veulent condamner la femme, car ils se sentent les gardiens de la Loi et de son application fidèle. Jésus, au contraire, veut la sauver, parce qu’il personnifie la miséricorde de Dieu qui, en pardonnant, rachète et en réconciliant renouvelle.

Voyons donc l’événement. Tandis que Jésus est en train d’enseigner dans le temple, les scribes et les pharisiens lui amènent une femme prise en flagrant délit d’adultère; ils la placent au milieu et ils demandent à Jésus si l’on doit la lapider, comme le prescrit la Loi de Moïse. L’évangéliste précise qu’ils lui ont posé la question «pour le mettre à l’épreuve, afin d’avoir matière à l’accuser» (v. 6). On peut supposer que leur but était le suivant — voyez la méchanceté de ces gens: le «non» à la lapidation aurait été une raison pour accuser Jésus de désobéissance à la Loi; le «oui», en revanche, pour le dénoncer à l’autorité romaine, qui s’était réservée les sentences et n’admettait pas le lynchage populaire. Et Jésus doit répondre.

Les interlocuteurs de Jésus sont enfermés dans les impasses du droit et veulent enfermer le Fils de Dieu dans leur perspective de jugement et de condamnation. Mais Lui n’est pas venu dans le monde pour juger et condamner, mais pour sauver et offrir aux gens une vie nouvelle. Et comment réagit Jésus devant cette épreuve? Tout d’abord, il reste silencieux pendant un moment, puis il se penche pour écrire avec son doigt sur le sol, comme pour rappeler que le seul Législateur et Juge est Dieu, qui avait écrit la Loi sur la pierre. Puis il dit: «Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre» (v. 7). De cette façon, Jésus fait appel à la conscience de ces hommes: ils se sentaient «paladins de la justice», mais Lui leur fait prendre à nouveau conscience de leur condition d’hommes pécheurs, en raison de laquelle il ne peuvent s’arroger le droit de vie ou de mort sur l’un de leurs semblables. A ce moment, l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés — c’est-à-dire les plus experts de leurs propres misères — ils s’en allèrent tous, renonçant à lapider la femme. Cette scène invite également chacun de nous à prendre conscience que nous sommes pécheurs et à laisser tomber de nos mains les pierres du dénigrement et de la condamnation, des commérages, que nous voudrions parfois lancer contre les autres. Quand nous parlons mal des autres, nous lançons des pierres, nous sommes comme eux.

A la fin, il ne reste que Jésus et la femme, là, au milieu: «La misère et la miséricorde», dit saint Augustin (In Joh 33, 5). Jésus est le seul sans faute, le seul qui pourrait jeter la pierre contre elle, mais il ne le fait pas, parce que Dieu «ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive» (cf. Ez 33, 11). Et Jésus congédie la femme avec ces paroles magnifiques: «Va désormais ne pèche plus» (v. 11). Et Jésus ouvre ainsi devant elle un nouveau chemin, créé par la miséricorde, un chemin qui demande son engagement à ne plus pécher. C’est une invitation qui vaut pour chacun de nous: quand Jésus nous pardonne, il nous ouvre toujours une voie nouvelle pour avancer. En ce temps de carême, nous sommes appelés à nous reconnaître pécheurs et à demander pardon à Dieu. Et le pardon, à son tour, tout en nous réconciliant et en nous donnant la paix, nous fait recommencer une histoire renouvelée. Toute vraie conversion vise à un nouvel avenir, à une vie nouvelle, une vie belle, une vie libérée du péché, une vie généreuse. N’ayons pas peur de demander pardon à Jésus, parce qu’il nous ouvre la porte de cette vie nouvelle. Que la Vierge Marie nous aide à témoigner à tous de l’amour miséricordieux de Dieu qui, en Jésus, nous pardonne et rend notre existence nouvelle, en nous offrant toujours de nouvelles possibilités.

(Angelus, 7 avril 2019)


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